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Alors que le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT) se réinventent sans cesse, Tracfin dresse dans son rapport 2024-2025 un panorama détaillé des tendances émergentes et des vulnérabilités sectorielles.
Ce troisième tome du rapport annuel ne se concentre pas sur les chiffres d’activité du service – mais sur l’évolution concrète des schémas de blanchiment, les nouveaux modes opératoires observés et le rôle des professions déclarantes.
Loin d’un document purement technique, cet “état de la menace” offre un miroir précis de la criminalité financière française. Et pour les professions réglementées, il agit comme un guide d’anticipation.
Tracfin constate que les flux financiers illicites sont désormais transfrontaliers, connectés et intersectoriels.
Les techniques de blanchiment s’appuient sur la numérisation : cryptoactifs, plateformes de financement participatif, sociétés-écrans, opérations de change ou de transfert dématérialisé.
Ce qui frappe, c’est la fin du cloisonnement. Les circuits illégaux mêlent désormais :
Le recours aux cryptoactifs n’est plus marginal : il s’ancre dans les schémas de blanchiment classiques, notamment pour convertir et déplacer rapidement des fonds.
La blockchain, initialement vantée pour sa transparence, devient un terrain fertile pour les escroqueries à l’investissement ou le contournement de sanctions internationales.
Le rapport met en évidence 21 cas-types de blanchiment ou de financement du terrorisme, classés par secteur ou par infraction : fraude fiscale, corruption, fraude sociale, escroquerie, financement d’extrémismes, etc.
Certains schémas, déjà identifiés, se perfectionnent. D’autres émergent avec force.
Parmi les plus marquants :
Tracfin relève également une recrudescence de fraudes “hybrides”, mêlant escroquerie fiscale, fausses factures, crypto-investissements et détournement d’aides sociales. Ces montages multi-secteurs brouillent les repères traditionnels des contrôleurs.
Le rapport 2024 souligne plusieurs zones rouges :
À cela s’ajoute un constat préoccupant : la fraude aux finances publiques (CPF, dispositifs sociaux, aides à la rénovation énergétique) représente désormais un volume de flux comparable à certaines infractions de criminalité organisée.
Le blanchiment n’est donc plus seulement l’affaire des “grands réseaux”, mais s’infiltre au cœur de l’économie du quotidien.
Tracfin rappelle que près de 50 professions sont assujetties à la LCB-FT, du secteur financier (banques, assurances) au non-financier (avocats, notaires, experts-comptables, commissaires aux comptes, agents immobiliers, etc.).
Mais toutes ne jouent pas encore leur rôle au même niveau.
Le rapport note une mobilisation croissante, mais inégale : certaines professions, comme les établissements de crédit, ont intégré la vigilance dans leurs process quotidiens, tandis que d’autres restent en retrait.
Les experts-comptables apparaissent dans de nombreux cas-types du rapport — notamment ceux relatifs à la fraude fiscale, aux abus de biens sociaux, aux trusts et aux détournements associatifs.
Leur position d’observateur privilégié du fonctionnement réel des entreprises en fait des acteurs essentiels du maillon déclarant.
Tracfin souligne d’ailleurs que les professionnels du chiffre sont souvent les premiers à détecter les incohérences entre flux, charges et réalité économique :
Pour autant, le nombre de déclarations de soupçon émanant des experts-comptables reste faible au regard du potentiel d’alerte du métier.
Tracfin invite donc la profession à renforcer ses dispositifs internes, à mieux formaliser ses critères d’alerte et à développer la culture de la vigilance partagée avec les clients.
Les experts-comptables sont aussi cités pour leur capacité à repérer les détournements de fonds dans les associations (absence de commissaire aux comptes, flux anormaux vers des dirigeants, dépenses personnelles sur comptes associatifs).
Autrement dit, le professionnel du chiffre ne doit plus se limiter au respect formel des obligations, mais agir comme un véritable radar de conformité.
L’enseignement majeur du rapport 2024 est clair : la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme n’est plus seulement une obligation réglementaire, mais un instrument de défense économique.
Chaque euro blanchi ou fraudé affaiblit la compétitivité nationale, détourne des fonds publics et nourrit des réseaux criminels.
Tracfin plaide pour une responsabilité collective, fondée sur la circulation de l’information entre le public et le privé.
L’objectif n’est plus seulement de “déclarer un soupçon”, mais de comprendre les schémas et d’anticiper les menaces.
Pour les professions déclarantes, et notamment les experts-comptables, cette approche suppose de :
Le rapport État de la menace LCB-FT 2024 de Tracfin montre une menace plus diffuse, plus intelligente et plus rapide.
Les circuits de blanchiment s’adaptent aux mutations technologiques et aux failles du quotidien, tandis que les fraudeurs investissent les zones grises de l’économie légale.
Face à eux, les acteurs de la conformité doivent conjuguer expertise, anticipation et coopération.
Pour les experts-comptables, c’est une occasion de réaffirmer leur rôle central : celui de gardien de la transparence économique, garant de la confiance et de l’éthique des affaires.